jeudi 24 novembre 2011

La Route, John Hillcoat



The Road, film américain réalisé par John Hillcoat en 2009, raconte l’incroyable odyssée d’un père et de son fils.

Depuis près de dix ans, le monde a explosé pour laisser place à un champ de ruines, sombre et poussiéreux. C’est dans ce désert apocalyptique qu’un père et son fils tentent de survivre et entreprennent de rallier le Sud en espérant y trouver de meilleures conditions de vie.
Ce film est une adaptation du roman The Road de Cormac McCarthy, l’auteur de No Country For Old Men, récompensé par le prix Pulitzer en 2007. Cette œuvre, réalisée par John Hillcoat, fit partie de la sélection officielle de la 66ème Mostra de Venise et fut présentée dans divers festivals, comme le 53ème Festival international du film de Londres ou encore ceux de Toronto, Telluride et Sitges.
The Road s’inscrit dans un registre post-apocalypthique. La trame de ce genre cinématographique est souvent la même : une catastrophe planétaire est survenue, et les rescapés tentent tant bien que mal de survivre, parfois jusqu’à une fin inéluctable. Cependant ce film n’est pas un « film catastrophe » comme 2012 de Roland Emmerich. Ici, le cadre post-apocalypthique n’est qu’un décor dans lequel vont être abordé des thèmes plus psychologiques.
Dans un premier temps, nous verrons comment le film aborde les relations entre un père et son fils, puis comment les personnages parviennent à garder leur humanité, et enfin nous nous arrêterons sur l’utilisation récurrente des flashbacks.

I/ Les relations père et fils.

Le film, The Road, s’articule autour d’un thème central, les relations entre un père et son fils.



Tout d’abord, on retrouve chez le père (Viggo Mortensen) une volonté d’éduquer son fils (Kodi Smit-McPhee).  En effet, dans plusieurs scènes on peut voir le père tenter d’apprendre à lire à son fils, et plus généralement lui enseigner ce qu’était la vie avant la catastrophe. Toutefois, la tâche du père est plus compliquée qu’elle n’y paraît dans un monde de cendres où la mer n’est désormais plus qu’une vaste étendue grise, et envers un enfant qui croit que les oiseaux sont des créatures imaginaires.
Dans la scène, qui se situe vers la 48ème minutes du film, où ils dînent dans un abri atomique qu’ils ont trouvé le père fait découvrir à l’enfant la nourriture qu’ils avaient avant le drame. Dans un plan rapproché épaule, le père se sert un verre de whisky et allume une cigarette, puis il demande à son fils « J’ai l’air de venir d’une autre planète ? ». La réponse du fils est silencieuse et son étonnement face aux choses qu’il découvre est symbolisé par un gros plan en plongé.

De plus, l’autre grande priorité du père est la protection de son fils. En effet, d’autres hommes ont survécu au drame et certains sont prêts à tout pour pouvoir se nourrir, y compris le cannibalisme.
Cette protection du père envers son fils est symbolisée dans plusieurs scènes par le découpage du plan. Dans la scène avec le vieil homme (Robert Duvall), qui se situe juste après le départ du bunker, il y un traveling avant avec un gros plan sur les mains de l’enfant et du vieil homme, et l’on voit le père tirant son chariot au second plan. L’enfant prend la main du vieil homme, et le père (représenté par son chariot) sépare à l’écran les deux corps, tout en demandant à son fils de retirer sa main. On retrouve se découpage un peu plus loin dans le film. Lors du diner avec le vieil homme, il y a un plan moyen réunissant les trois personnages assis autour du feu. Là encore, le père se tient entre le vieil homme et l’enfant.

II/ Comment garder leur humanité.

Dans ce monde post-apocalypthique où règne le chaos, la priorité pour les survivants est la nourriture. Ainsi, une méfiance s’installe à chaque fois que des humains se rencontrent. Mais malgré ce climat de peur et de vigilance, le père et son fils tentent de garder leur humanité.
Tout au long du film on peut voir le père tenter d’inculquer à son fils des valeurs morales. Mais à cause du désespoir et de la peur qui l’habite, il oubli les leçons enseignées à son fils, ce qui pousse ce dernier à se rebeller quelques fois contre son père.



La scène la plus représentative est celle avec le voleur (Micheal K. Williams), qui se situe juste après que les deux protagonistes aient atteint la mer. Alors que le père fouillait un bateau à la recherche de vivres, on leur vole leur chariot de nourriture. Après avoir rattrapé le voleur, le père le braque avec son arme. Ici, avec un plan d’ensemble, le réalisateur montre bien qu’ils seraient prêts à tout pour de la nourriture. En effet sur ce plan, le voleur et le père, tous deux armés, sont prêts à attaquer l’autre. Seul le chariot les sépare dans le plan. La scène montre à quel point il est difficile de garder son humanité dans un contexte pareil. Par la suite, le voleur térrorisé dépose son arme et le père, pour se venger l’oblige à se déshabiller. Une tension s’installe et elle est matérialisée par l’augmentation du rythme d’enchainement des plans. Le fils est apeuré  car il n’a jamais vu son père agir ainsi, et cela se traduit par un gros plan du fils en plongé.
Par la suite, le père décide de partir, laissant le voleur nu dans un froid glacial, seul au milieu de nulle part. Le fils proteste contre son père, car la réaction de ce dernier est contraire aux valeurs morales qu’il lui a enseignées. Le plan suivant est un traveling avant en plan américain sur le père et son fils tirant leur chariot. La division entre le père et le fils est symbolisée ici par le découpage du plan. En effet, le voleur, objet de leur dispute, les sépare dans le cadre en étant placé en arrière plan.


III/ L’utilisation récurrente des Flashbacks.

Tout au long du film, on voit apparaître des flashbacks qui n’existaient pas dans le livre. Ils symbolisent l’extinction progressive du monde et interviennent dans un ordre chronologique, du jour de la catastrophe jusqu’au suicide de la mère (Charlize Theron). Ces flashbacks sont le fruit de la mémoire du père, et apparaissent à chaque fois que ce dernier désespère.

Par ailleurs, le film commence par un flashback, qui reflète le jour de la catastrophe. Les premiers plans sont des gros plans ainsi que des plans d’ensemble sur des arbres et des plantes. En son off, une légère musique avec du piano et des violons. A partir du quatrième plan, on voit apparaître la femme  avec un plan rapproché épaule en contre plongée. Lors du cinquième, plan on voit l’homme avec un cheval, là aussi avec un plan rapproché épaule. Ces premiers plans  s’enchainent dans un rythme assez lent, et symbolisent la vie et la sérénité qui règne au domicile des protagonistes.
 Dans le septième plan, on voit le jardin à partir de l’ouverture d’une porte. La porte se ferme et, à partir de là tous les autres plans seront plus sombres. De surcroit, lorsque la porte se ferme la musique se coupe. Les trois derniers plans se déroulent lors de la catastrophe. Avec un traveling latéral, on entrevoit l’ensemble de la chambre, puis l’homme se lève et découvre par la fenêtre la catastrophe. Les deux derniers plans sont un plan américain et un gros plan sur la femme, qui symbolisent l’inquiétude grandissante en elle. Désormais, on  n’entend plus de musique mais des cris hors-champs.



Avec The Road, John Hillcoat  accomplit un exercice périlleux, celui d’adapter le roman de Cormac McCarthy. Il est important de souligner que la majeure partie du film fut tournée en extérieur, dans des décors touchés récemment par des catastrophes naturelles comme l’ouragan Katrina. Ici le réalisateur est parvenu à créer un univers unique tout en restituant l’atmosphère du roman.
On notera également l’excellente interprétation de Viggo Mortensen qui ne cesse de surprendre dans des rôles très diverses (A history of violence, Good, la trilogie du Seigneur des anneaux), ici très bien aidé par le jeune acteur Kodi Smit-McPhee.

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